Prenez un jeune écrivain couvert de louanges, couronné de nombreux prix littéraires. Plongez-le sans autre préparation au milieu de la jungle vénézuélienne. II devra parcourir la montagne (Auyantepuy), escalader des crêtes, s’enfoncer dans la mousse, traverser des torrents, ouvrir des sentiers à la machette… Et s’élancer dans le Salto Angel, un rappel vertigineux de neuf cent cinquante mètres, dans le fracas de la plus haute cascade du monde. Laissez frémir quatorze jours, et faites revenir. Vous obtiendrez Jungle, un texte joliment ciselé par le vent, perlé par les marécages, le récit d’un jeune homme qui s’abandonne à la nature et confirme son talent pour la littérature.
Un saut dans le vide
En 2014, Miguel Bonnefoy décide de prendre part a une expédition au Venezuela. Il va, sans préparation spécifique, pénétrer dans la jungle jusqu’au Kerepakupai Vena, la plus haute cascade du monde, qu’on attaque en quatorze longs rappels par la Gorge du Diable. Dans ce carnet de voyage très particulier, il décrit l’exaltation devant la beauté et aussi la peur la plus incontrôlable. Certes, le jeune homme idéaliste n’est pas seul. II a un guide sérieux qui ne le quitte pas, des porteurs, une équipe filmant l’aventure. Mais la nature n’est pas douce pour les naïfs. Les pieds dans des marécages, les mains dans le grouillement végétal, les nuits de bivouac où les bêtes éventrent les sacs de provisions, les marches épuisantes dans le brouillard… s’effaceront pourtant devant la magie de la quête. Ce beau texte…