L'OBS

Chaud et humide

Un an après « le Voyage d'Octavio », délicieux premier roman en forme de conte picaresque, c'est un autre genre de périple que raconte ici Miguel Bonnefoy : ce jeune Vénézuélien s'est laissé embarquer, pendant deux semaines, dans une forêt amazonienne où « peu de choses figurent sur une carte ». Elle s'est avérée pleine de mygales, de trous particulièrement traîtres, et de rongeurs gros comme des chats qui ont attaqué ses sacs de nourriture. Il y a découvert ce qu'est la panique, mais a aussi compris qu'« on contemple la jungle comme on contemple un ciel étoilé : rien ne bouge, et cependant tout semble habité ». Il s'est demandé « comment tailler un adjectif pour qu'il ait la forme d'une racine », et a cherché des mots pour dire l'indicible « sensation de [...]

Tribulations d’un analphabète

Faute de papier, on peut toujours demander au médecin d’écrire son ordonnance sur une table. Puis la promener sur son dos jusqu’à la pharmacie du bidonville. C’est comme ça que commencent les tribulations d’Octavio. Il mérite qu’on le suive à la trace : ce grand Vénézuélien analphabète va bientôt tomber amoureux d’une charmante insomniaque ; travailler pour un « cambrioleur délicat » qui « n’envisageait le crime autrement qu’avec rhétorique » ; gagner sa vie en portant des gens qui veulent traverser un torrent tumultueux. Les bons contes ne font pas toujours les bons écrivains. Le genre est casse-gueule. Il exige poésie, humour et même un minimum de réalisme pour ne pas sembler hors sol. Miguel Bonnefoy sait doser tout cela. Avec un style impeccable, ce jeune Vénézuélien qui vit à Paris signe un premier [...]

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