Il nous avait conquis, l’an dernier, avec « Le Voyage d’Octavio », premier roman prometteur trempé dans un réalisme magique évoquant les grands auteurs sud-américains. Quelques semaines avant sa publication il avait entrepris un périple de deux semaines au cœur de la jungle vénézuélienne avec, en ligne de mire, l’ascension du mont Auyantepuy et la descente en rappel du Kerepakupai Vena, la cascade la plus haute du monde.
Épousant le mouvement de ce trek dans un écrin hostile, son récit en décrit, de manière très concrète et très drôle, les étapes et les dérapages. Mais c’est sur un terrain plus intime qu’il gagne en profondeur et en émotion, quand il retrace les tâtonnements d’un jeune écrivain « à l’aube de sa plume », conscient que « toutes les pages des bibliothèques ne peuvent rien contre l’architecture d’une fleur ». Dans le chaos mystérieusement ordonné de la jungle, dans l’effort qu’elle exige et l’émerveillement qu’elle convoque, Miguel Bonnefoy cherche les mots pour saisir l’intangible. « Jungle » ou l’éclosion d’un homme et d’une voix.