Un premier roman porté par l’écriture ciselée du Franco-Vénézuélien

Quiconque s’est déjà aventuré dans les pages d’Alejo Carpentier, Julio Cortazar ou Gabriel Garcia Marquez aura le bon goût de se plonger au plus vite dans « Le Voyage d’Octavio ». Pour sa première expérience romanesque, Miguel Bonnefoy signe l’un des textes les plus surprenants de ces derniers mois. Au-delà de la saveur de réalisme magique que l’on retrouve glissée avec parcimonie au cours des tribulations du personnage principal sur les terres du Venezuela, le lecteur se retrouve entraîné par la langue de Miguel Bonnefoy.

Son style avait déjà été remarqué l’année dernière, quand le natif de Paris élevé à Caracas avait reçu le prix du jeune écrivain de la langue française pour « Icare », une nouvelle. Toutaulongdesl30 pages de son roman où le mythe de saint Christophe se trouve revisité, le jeune auteur de 28 ans récidive.

Rédemption

En courts chapitres, il use d’un langage à la fois innocent et précis, d’une écriture musicale et ciselée pour donner une touche légèrement désuète, comme un exotisme indéniable. En s’efforçant d’en dire le minimum sur le temps et l’espace parcouru par Octavie, la narration de Miguel Bonnefoy parvient à proposer un monde à ses lecteurs.

Dans son église abandonnée de San Juan del Limon, au milieu d’un bidonville, Octavie côtoie « un cambrioleur délicat dont la politesse dans le vol était inimitable » et sa bande. Contraint au voyage et à l’abandon de l’être aimé, celui à qui « personne n’a appris à dire qu’une sait ni lire ni écrire » traquera à chaque instant de son périple, digne d’une rédemption, l’étendue des beautés du monde.