Quelle merveilleuse surprise que ce premier roman du Vénézuélien Miguel Bonnefoy, écrit en français et baigné du réalisme magique de son continent natal. Ouvrir « Le voyage d’Octavio », c’est se retrouver soudain aspiré, corps et âme, dans un petit village des alentours de Caracas. En moins de trois pages, le charme opère. Repéré par l’excellente « filière » du prix du Jeune écrivain de langue française qui l’avait lu et élu pour sa nouvelle « Icare », ce jeune auteur, d’une plume enchantée, donne vie à Octavie, un analphabète qui ne sait pas dire ce manque. Cela n’échappe pas à Venezuela, comédienne riche et fantasque qui s’éprend de ce garçon des bidonvilles. De cette femme Octavio va recevoir l’amour, la lecture et l’écriture. Mais comment faire lorsque la bande de cambrioleurs dont il f ait partie vient « visiter » le domicile de sa belle pour la délester de ses plus beaux objets ? Fuir, avec la plus grande de ses richesses, ces lettres qu’il apprend à former à tous ceux qu’il croise dans son périple inouï. Un peuple, un pays, un imaginaire, une langue poétique, une imagination fertile, voilà un torrent de fraicheur où se ressourcer avidement.